
Le thème que nous vous proposons pour le mois de Jumada AtThani est la bienfaisance envers les parents « Bir Al-Walidayne ». Ce mot regroupe également les sens suivants : la gratitude, la bienveillance, la miséricorde, la sensibilité, le respect, le sacrifice, la clémence, l’amour, le don, la charité , la piété filiale, etc.
En arabe le mot Bir Al-Walidayne a pour contraire le mot : 3ouqoq Al-Walidayne, qui signifie déchirement et ingratitude.
Cela veut dire que lorsque l’on désobéit ou manque de respect à nos parents, on déchire notre relation avec Dieu.
Le mot 3ouqoq a également pour sens : amertume. En manquant de respect à ses parents, la vie devient amère !
Les savants musulmans s’accordent à dire que le plus grand pêché est d’associer à Dieu une autre divinité. Le second est de faire preuve d’ingratitude envers ses parents !
Selon Abu Bakra (rad), le Messager d’Allah (sws) a dit : « Ne vous indiquerais-je pas les plus grands des grands péchés ? ». Ils dirent : « Oui, ô messager d’Allah ! ». Il dit : « Associer quelque chose à Allah, et faire preuve d’ingratitude envers ses parents ».
(Source : rapporté par Mouslim)
عن أَبي بَكْرَةَ رضي الله عنه قَالَ: قَالَ رسُولُ الله صلى الله عليه وسلم: «ألاَ أُنَبِّئُكُمْ بِأكْبَرِ الكَبَائِرِ؟» قُلْنَا: بَلَى يَا رسولَ اللهِ. قَالَ: «الإشْراكُ باللهِ، وعُقُوقُ الوَالِدَيْنِ» وكَانَ مُتَّكِئًا فَجَلَسَ، فَقَالَ: «ألا وَقَولُ الزُّورِ». فما زال يُكَرِّرُهَا حَتَّى قلنا: لَيْتَهُ سَكَتَ.
متفق عَلَيْهِ، رياض الصالحين: ح(1550).
Donc l’ingratitude envers les parents est l’un des plus grands parmi les grands (péchés). Voyons ensemble ce que risque celui qui manque de respect envers ses parents. Celui qui manque de respect envers ses parents ou celui dont les parents meurent alors qu’ils ne sont pas satisfaits de lui, alors qu’il s’attende aux conséquences suivantes :
Dans ce bas monde:
1)- Humiliation :
D’après Abou Houreira (rad) le Prophète (sws) a dit « Qu’il soit humilié, puis qu’il soit humilié, puis qu’il soit humilié! » Quelqu’un dit « Qui donc Ô Messager d’Allah ? ». Le Prophète (sws) dit « Celui dont l’un ou les deux parents ont atteint la vieillesse mais ne rentre pas au paradis ! ».
(Source : rapporté par Mouslim)
Donc l’humiliation chamboulera sa vie.
عَنْ أَبِي هُرَيْرَةَ، عن النَّبيّ صلى الله عليه وسلم قَالَ: «رغِم أنفُ، ثُمَّ رَغِمَ أنْفُ، ثُمَّ رَغِمَ أنْفُ مَنْ أدْرَكَ أبَويهِ عِنْدَ الكِبَرِ، أَحَدهُما أَوْ كِليهمَا فَلَمْ يَدْخُلِ الجَنَّةَ».
رواه مسلم. رياض الصالحين: ح(317).
2)- Punition :
Très tôt dans ce bas monde avant l’au-delà, en effet le Prophète (sws) a dit : «…Et deux portes, Allah leur accélère la punition dans ce bas monde : la prostitution et la désobéissance des parents. »
عَنْ أَنَسٍ رَضِيَ اللَّهُ عَنْهُ قَالَ: قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ: «…وَبَابَانِ مُعَجَّلَانِ عُقُوبَتُهُمَا فِي الدُّنْيَا: الْبَغْيُ وَالْعُقُوقُ». ح(7350).
قال الذهبي: صحيح. المستدرك على الصحيحين للحاكم.
3)- Catastrophes :
Le Prophète (sws) nous raconte l’histoire suivante : Jurayj était un dévot. Il s’était retiré dans une tour. Il s’y trouvait et sa mère vint le trouver alors qu’il priait. Elle appela : « Ô Jurayj ! » Il dit : « Ô Seigneur ! Ma mère ou ma prière ? » Il choisit sa prière et sa mère s’en alla. Le Lendemain, elle revint et le trouva en train de prier. Elle appela : « Ô Jurayj ! » Il s’exclama : « Ô Seigneur ! Ma mère ou ma prière ? » Il poursuivit sa prière et sa mère s’en alla. Le Lendemain, elle revint et le trouva en prière. Elle appela : « Ô Jurayj ! » Il s’exclama : « Ô Seigneur ! Ma mère ou ma prière ? » Il poursuivit sa prière. Mais elle dit : « Ô Allah ! Ne le fais pas mourir jusqu’à ce qu’il voit les prostituées ! ». Le Prophète (sws) poursuit en disant : Les enfants d’Israël évoquèrent Jurayj et sa dévotion. Il y avait une prostituée d’une grande beauté. Elle dit : « Si vous le souhaitez, je le tenterai pour vous ». Elle se montra à lui, mais il ne lui accorda aucune considération.
Elle se rendit alors chez un berger qui trouvait refuge dans la tour de Jurayj. Elle se donna à lui et il eut des rapports avec elle. Elle tomba enceinte et lorsqu’elle accoucha, elle déclara : « Il est de Jurayj ». Ils se rendirent chez lui, le firent descendre de sa tour, la démolirent et se mirent à le rouer de coups. Il s’écria : « Que vous arrive-t-il ? » Ils répondirent : « Tu as forniqué avec cette prostituée. Elle a eu un enfant de toi ». « Où est l’enfant ? » demanda-t-il. Ils l’amenèrent et Jurayj dit : « Laissez-moi prier ». Il pria et quand il eut terminé, il se rendit auprès de l’enfant, appuya sur son ventre et demanda : « Ô enfant ! Qui est ton père ? » Il répondit : « Untel le berger ». Les gens vinrent alors vers Jurayj l’embrassant et le caressant. Ils dirent : « Nous te reconstruirons ta tour en or ». Il répliqua : « Non, reconstruisez-la en argile comme elle était. » Et ils le firent.
(Source : Le chemin des vertueux)
«كَانَ جُرَيْجٌ رَجُلًا عَابِدًا، فَاتَّخَذَ صَوْمَعَةً فَكَانَ فِيهَا، فَأَتَتْهُ أُمُّهُ وَهُوَ يُصَلِّي، فَقَالَتْ: يَا جُرَيْجُ، فَقَالَ: يَا رَبِّ! أُمِّي وَصَلاتِي فَأَقْبَلَ عَلَى صَلاتِهِ فَانْصَرَفَتْ. فَلَمَّا كَانَ مِنَ الغَدِ أتَتْهُ وَهُوَ يُصَلِّي، فَقَالَتْ: يَا جُرَيْجُ، فَقَالَ: أيْ رَبِّ أمِّي وَصَلاتِي، فَأقْبَلَ عَلَى صَلاتِهِ، فَلَمَّا كَانَ مِنْ الغَدِ أتَتْهُ وَهُوَ يُصَلِّي، فَقَالَتْ: يَا جُرَيْجُ، فَقَالَ: أيْ رَبِّ! أمِّي وَصَلاتِي، فَأقْبَلَ عَلَى صَلاَتِهِ، فَقَالَتْ: اللَّهُمَّ لاَ تُمِتْهُ حَتَّى يَنْظُرَ إِلَى وُجُوهِ الـمُومِسَاتِ. فَتَذَاكَرَ بَنُو إسْرائِيل جُرَيْجًا وَعِبَادَتَهُ، وَكَانَتِ امْرَأةٌ بَغِيٌّ يُتَمَثَّلُ بحُسْنِهَا، فَقَالَتْ: إنْ شِئْتُمْ لأَفْتِنَنَّهُ، فَتَعَرَّضَتْ لَهُ، فَلَمْ يَلْتَفِتْ إِلَيْهَا، فَأتَتْ رَاعِيًا كَانَ يَأوِي إِلَى صَوْمَعَتِهِ، فَأَمْكَنَتْهُ مِنْ نَفْسِهَا فَوقَعَ عَلَيْهَا، فَحَمَلَتْ، فَلَمَّا وَلَدَتْ، قَالَتْ: هُوَ مِنْ جُريج، فَأتَوْهُ فَاسْتَنْزَلُوهُ وَهَدَمُوا صَوْمَعَتَهُ، وَجَعَلُوا يَضْرِبُونَهُ، فَقَالَ: مَا شَأنُكُمْ؟ قَالُوا: زَنَيْتَ بهذِهِ البَغِيِّ فَوَلَدَتْ مِنْكَ. قَالَ: أيْنَ الصَّبيُّ؟ فَجَاؤُوا بِهِ فَقَالَ: دَعُوني حَتَّى أصَلِّي، فَصَلَّى فَلَمَّا انْصَرفَ أتَى الصَّبيَّ فَطَعنَ في بَطْنِهِ، وَقالَ: يَا غُلامُ مَنْ أبُوكَ؟ قَالَ: فُلانٌ الرَّاعِي، فَأَقْبَلُوا عَلَى جُرَيْجٍ يُقَبِّلُونَهُ وَيَتَمَسَّحُونَ بِهِ، وَقَالُوا: نَبْنِي لَكَ صَوْمَعَتَكَ مِنْ ذَهَب. قَالَ: لاَ، أعِيدُوهَا مِنْ طِينٍ كَمَا كَانَتْ، فَفَعلُوا.». مُتَّفَقٌ عَلَيهِ.
رياض الصالحين، ح(259). «الـمُومِسَاتُ»: هُنَّ الزَّواني. وَالـمُومِسَةُ: الزَّانِيَةُ.
قال النووي في شرح صحيح مسلم: في حديث جريج فوائد منها: عظم بر الوالدين، وتأكد حق الأم، وأن دعاءها مجاب.
4)- Malédiction :
L’ingratitude envers les parents est la cause de la malédiction d’Allah. Selon Ibn Abbas (rad) le messager d’Allah (sws) a dit : « Que la malédiction d’Allah soit sur celui qui maudit ses parents. »
(Source : Le chemin des vertueux)
ثَبَتَ فِي الصَّحِيحِ أَنَّ رَسُولَ الله – صلى الله عليه وسلم – قَالَ: «لَعَنَ اللهُ مَنْ لَعَنَ وَالِدَيهِ».
رياض الصالحين: (بداية الباب رقم: 265).
Des conséquences du déchirement dans l’au-delà :
5)- L’ingratitude envers ses parents empêche d’accéder au paradis :
D’après Ibn Oumar, le Messager d’Allah (sws) a dit : « Voici trois personnes qui ne bénéficieront pas du regard d’ALLAH le jour du jugement dernier : l’alcoolique, l’ingrat envers ses parents ou celui qui les maltraite, et le Dayouth (celui qui est complaisant avec l’indécence, celui qui approuve que ses proches s’adonnent à la dépravation). »
(Source : rapporté par Ahmad)
عن عَبْدُ اللهِ بْنُ عُمَرَ، أَنَّ رَسُولَ اللهِ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ قَالَ: » ثَلَاثَةٌ قَدْ حَرَّمَ اللهُ تَبَارَكَ وَتَعَالَى عَلَيْهِمُ الْجَنَّةَ: مُدْمِنُ الْخَمْرِ، وَالْعَاقُّ وَالدَّيُّوثُ الَّذِي يُقِرُّ فِي أَهْلِهِ الْخُبْثَ « . [رواه أحمد].
Et pour finir citons ce qu’a rapporté notre Prophète (sws) à propos de l’un de ses compagnons qui était très obéissant à ses parents :
Aicha (rad) rapporte que le Messager d’Allah (sws) a dit : « Je suis entré au paradis et j’y ai entendu quelqu’un lire, alors j’ai dit : « Qui est-ce ? ». On m’a répondu: « Haritha ibn An-nou’mène ». « C’est comme cela la piété ! C’est comme cela la piété ! »
En effet, Haritha était connu pour sa grande piété filiale, notamment envers sa maman.
عَنْ عَائِشَةَ، أَنَّهَا قَالَتْ: قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ: «دَخَلْتُ الْجَنَّةَ فَسَمِعْتُ قِرَاءَةً، فَقُلْتُ: مَنْ هَذَا؟ قِيلَ: هَذَا حَارِثَةُ بْنُ النُّعْمَانِ، كَذَاكُمُ الْبِرُّ، كَذَاكُمُ الْبِرُّ».
رواه ابن حبان وإسناده صحيح على شرط الشيخين.
Voici quelques formes de désobéissance aux parents :
- Faire pleurer nos parents ou les attrister par un acte ou une parole.
- Les brusquer, élever la voix sur eux.
- Ne pas faire ce qu’ils nous demandent ou désobéir à leurs ordres (sauf s’ils nous demandent d’associer à Dieu une autre divinité)
- Etre excédé de leurs demandes.
- Les regarder avec malveillance.
- Leur donner des ordres.
- Critiquer la nourriture qui nous est servie à la maison.
- Ne pas accorder d’attention à leurs paroles ou les contredire.
- Les insulter et leur parler de manière arrogante et blessante.
- Lever la main sur eux.
- Les rabaisser en public.
- Se disputer avec nos frères et sœurs ou avec nos époux(ses) en leur présence.